MAIS COMMENT L'ARNAQUEUSE ANNA DELVEY A-T-ELLE PU SE RETROUVER AU CASTING DE «DANSE AVEC LES STARS» ?

On n'a rien dit lorsqu'elle a organisé un shooting photos dans le métro, chaussée d'escarpins Manolo Blahnik aux talons de 10 cm. Et surtout, dotée d'un bracelet électronique. On n'a pas non plus protesté lorsqu'elle a pris la pose en manteau rose à sequins au pied de son appartement new-yorkais à 4000 euros par mois, où elle demeure en résidence surveillée. On n'a pas davantage moufté lorsqu'elle a organisé un défilé sur le toit de son immeuble, pour le lancement du label «Shao».

Quatre ans de prison

Mais voilà : quand l'émission «Good Morning America» a annoncé la participation de l'arnaqueuse Anna Delvey à la version américaine de «Danse avec les stars», le mercredi 4 septembre, on a quelque peu tiqué. Née en Russie, Anna Sorokin – de son véritable nom – s'est jadis fait passer pour une riche héritière allemande, flirtant avec les hautes sphères de New York. Tout en escroquant des hôtels, des personnalités mondaines et des banques, de 2013 à 2017. Empochant, au passage, la somme de 275.000 dollars (248.000 euros) - au détriment de ses amis fortunés. Elle a depuis été emprisonnée durant quatre ans, de 2019 à octobre 2022.

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Un destin retracé dans la minisérie Netflix Inventing Anna, qui l'a rendue célèbre dans le monde entier. Mais le programme ne relate pas toute son épopée judiciaire. Après avoir quitté la prison d'État, la criminelle a en effet intégré un centre de rétention en mars 2021, après avoir enfreint les termes de son visa. Désormais en liberté conditionnelle, la jeune femme de 33 ans se bat contre une potentielle extradition en Allemagne. Ce qui n’empêche pas la principale intéressée, érigée en icône de mode, de narguer le monde entier, en arborant un «A» en strass sur son bracelet électronique. On oscille, pour notre part, entre exaspération et admiration, désarçonnée par une telle effronterie, doublée d’une capacité à capitaliser sur ses méfaits.

On a peut-être omis de le préciser : en 2019, Anna Delvey déclarait dans le New York Times  qu'elle «mentirait si elle disait qu'elle était désolée». Pas repentie pour un sou, elle a donc pris la pose en minirobe argentée, toujours munie de son bracelet électronique, pour la promotion de «Danse avec les stars» US. Elle y participera notamment aux côtés de Tori Spelling, héroïne de la série Beverly Hills. Une nouvelle qui a suscité un tollé. D'autant que l'arnaqueuse est présentée par la chaîne ABC comme «une artiste, icône de mode et infâme mondaine de New York». Un texte au bas mot maladroit.

Un parfum de scandale 

Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Sous le post Instagram partagé par l’arnaqueuse, on découvre des commentaires tels que : «Je ne comprends pas, c'est "Danse avec les stars", pas "Danse avec les criminels"», «Glorifier une détenue. Comme c'est embarrassant», ou encore : «Allons-y, encensons quelqu'un qui a arnaqué les autres et leur a dérobé des millions. C'est typique de l'Amérique.» 

Mais au fait, comment une criminelle, dans le viseur des services d'immigration américains (ICE), a-t-elle pu s'envoler sans difficulté pour la Californie ? Réponse de la principale intéressée : «Eh bien, "Danse avec les stars" a approché mon équipe et j'ai dû demander à l’ICE la permission de voyager hors de l'État, parce que le tournage a lieu à Los Angeles et que je suis basée à New York», a-t-elle révélé à People . Avant d'ajouter : «J'ai obtenu leur autorisation peu de temps avant mon départ (...) et je me suis dit : "Pourquoi pas ?"» Voilà, c'est aussi simple que cela. 

Deux poids, deux mesures ?

Trop simple au goût de Whoopi Goldberg, qui officie dans «The View», l'une des émissions les plus regardées des États-Unis. Celle-ci a pointé du doigt le «deux poids, deux mesures» dont témoigne selon elle une telle décision. «Je pense aux familles dont les membres ont été arrêtés par les services d'immigration, qui sont allées devant les tribunaux pour récupérer leur père, leur frère ou leur mère, alors que l’ICE a donné la permission à cette femme d'aller faire ce show», a-t-elle déploré. 

D'autres médias se sont, pour leur part, fendus de titres assassins. «La pop culture a touché le fond avec Anna Delvey et son bracelet électronique dans "Danse avec les stars"», écrit le New York Post . Pour le quotidien, la trentenaire serait une «prisonnière ambitieuse», dont la trajectoire prouve que «le crime paie». Celle-ci aurait fait de ses «actes illégaux une identité à part entière», affichant son bracelet à la cheville «comme s'il était une pièce rare de chez Cartier». 

«J’ai purgé ma peine»

Des critiques qui n'ont, bien entendu, pas atteint leur cible. Interrogée sur l'éventuelle gêne que pourrait occasionner le bracelet électronique durant ses prestations, Anna Delvey a balayé cette hypothèse d’un revers de la main. «En quoi cela affecterait-il ma performance ? a-t-elle rétorqué. Il est assez léger.» On est pour le moins estomaquée. Quant à l’opprobre jeté sur elle en raison de sa participation au show, elle n'en a cure. 

«Ce n'est pas si grave, assure-t-elle, sans se départir de sa nonchalance habituelle. Si quelqu'un est si contrarié à l'idée que je fasse une émission de danse, je ne sais pas quoi lui dire.» Et l'on n'est pas au bout de nos peines. On découvre – une fois n'est pas coutume – qu'Anna Delvey… se moque bien de gagner. Questionnée par Entertainment Weekly  sur ce que représenterait pour elle une victoire à l’issue de «Danse avec les stars», elle s'est contentée de lancer : «Rien, vraiment. Je ne sais pas.» Avant d'éclater de rire et d'ajouter : «Ce serait bien.» Du Anna Delvey tout craché.

Depuis des années, l'arnaqueuse souffle en effet le chaud et le froid. Loin de faire son mea culpa, la trentenaire estime tout de même «mériter une seconde chance», après avoir «purgé sa peine». Certes, mais de là à investir les plateaux télévisés ? Force est pourtant de le constater : Anna Delvey a su rebondir. Et l’arnaqueuse sait se vendre comme personne. Après sa libération, elle a enchaîné défilé, dîners mondains (à domicile), podcast et interviews. Elle plancherait également sur un livre consacré à sa vie. Bref, on n'a pas fini d'entendre parler d’elle. Et l'on se dit que l'on pourrait bien, nous aussi, nous retrouver devant notre poste télévisé, le 17 septembre, date du premier épisode de «Danse avec les stars» - car on n'échappe pas si facilement aux filets d'Anna Delvey.

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